Le coq de l'église de Mirande

Les habitants ont pu voir de près celui qui veille sur eux.

Les MIRANDAIS avaient un bien étrange rendez-vous… avec le coq de leur clocher. Un événement peu banal puisque le volatile ne descend de son perchoir que rarement, tous les trente ou quarante ans, afin de se refaire une beauté. C’est en l’occurrence l’occasion lors de la réfection totale du clocher de l’église.
Des travaux de rénovation réalisés dans les règles de l’art avec une couverture en bardeaux de châtaignier, ont permis de rendre au clocher son aspect initial. Rappelons que les travaux d’un montant de 249 168 € ont été financés par l’Etat  à hauteur de 40 %, par la Région à 20 %, par le Département à 12%, ainsi que par les dons privés récoltés (10%) grâce à la souscription de la Fondation du Patrimoine. Une convention tripartite avait  été signée avec la Fondation, le Renouveau de la Bastide  et la Mairie qui prend en charge les  18 % restants.
Le coq haut de 1.20 m emblème de l’édifice, restauré il y a 25 ans déjà par Messieurs Artigues et Viralode, alors agents des services techniques de la ville, fait office de girouette mais aussi de paratonnerre. Le coq girouette conçu pour indiquer d’où vient le vent, est pourvu d’un axe rotatif équipé de billes en verre pour éviter qu’il ne se soude en cas d’orage. Il est fixé sur le mât d’un paratonnerre pour protéger l’église des effets de la foudre.
Le clocher de l’église et les clochetons sont  donc désormais en parfait état.



Béni par l’abbé Naffah
La tradition veut que  le coq, symbole religieux, soit présenté aux habitants et reçoive une bénédiction afin de protéger les lieux, avant de reprendre sa place au sommet du clocher de l’église. Il a été promené par l’équipe d’ouvriers charpentiers dans les rues de la bastide. Pour respecter cette tradition, qui remonterait au IXe siècle, les 15 charpentiers de l’entreprise La Tournée du Coq étaient accompagnés par le maire,le Cure et tous les artisans qui sont intervenus sur le chantier ainsi que les mirandais qui se sont joints au cortège. C'était  lundi 16 juillet à 11h sur le parvis de l’église où nous avaient rejoints Mme l'architecte des Bâtiment de France, Mme la conseillère régionale, M. le vice-président du conseil départemental et le Directeur départemental de la Fondation du Patrimoine.
Pour fêter cet événement, un verre de l’amitié fut offert par la municipalité dans la cour de la maison rue de l’Evêché où étaient exposées de magnifiques photos des travaux réalisées par le Photo Club mirandais.

Mot de notre cure sur la place
Tout d’abord, au nom de l’EAP, et plus particulièrement au nom des paroissiens, un très grand merci à Mr. le Maire Pierre Baudran, aux membres du Conseil Municipal pour le temps mis à constituer les dossiers, pour le suivi régulier des  travaux à effectuer sur l’église. Ste Marie de Mirande continue ainsi d’être un élément essentiel du patrimoine du Gers. L’église d’un village rappelle la dimension spirituelle, verticale, de notre existence, quelles que soient nos convictions religieuses. C’est là que l’on se rassemble pour les Baptêmes les mariages et les funérailles de ses habitants Oui l’église reste le lieu de la prière régulière des croyants chrétiens. Au sommet du clocher le coq domine nos maisons. Il veille sur nous et nous invite à regarder plus loin que le bout de notre nez, à dépasser, en quelque sorte,  l’esprit de clocher. Le coq invite ainsi chacun(e) quelles que soient ses convictions, son appartenance religieuse, politique, culturelle, sociale à un respect mutuel, à l’acceptation de nos différences et à la complémentarité. Il invite à la solidarité. Il appelle les chrétiens à la fraternité et à la prière pour ce nouveau jour qu’il nous est donné de vivre. Que ce moment de joie soit l’occasion de mieux nous connaître, de mieux nous comprendre et de remercier tous ceux et celles qui ont contribué à ce rassemblement. Je vais donc bénir maintenant ce coq avant qu’il ne prenne sa place définitive

Prière de Bénédiction
« Seigneur, notre Dieu, bénis le coq du clocher de notre église qui va veiller à nouveau sur les Mirandais et les Mirandaises, petits et grands. Qu’il nous aide à regarder toujours du côté de la lumière ! Qu’il nous appelle à rester éveillés pour construire la fraternité ! Qu’il nous invite à orienter notre vie vers le bien, à être forts contre les vents contraires ! Qu’il fasse tourner nos regards vers le soleil qui se lève, nous invite à nous éveiller et à participer à la vie du monde. Comme le coq annonçant le jour naissant, ayons les yeux tournés vers le Christ pour qu’avec Lui nos vies soient resplendissantes de la lumière de Pâques,  Au nom du Père et du Fils et du St Esprit. »

A - Le Symbolisme du Coq dans les Civilisations Anciennes.
Le coq est universellement un symbole solaire parce que son chant annonce le lever du soleil, l'arrivée du jour si bien qu'on a pu croire que c'était lui qui le faisait naître. Partout et toujours, le coq a eu pour qualités proverbiales la fierté, le courage et la vigilance. Aussi bien, dès avant le VIe siècle antérieur à notre ère, le trouvons-nous dans les arts des civilisations les plus évoluées sur les monnaies grecques, sur les monuments protohistoriques de la Gaule, sur la céramique cyrénéenne, sur des objets précieux de Babylonie, de l’Inde, de l’Extrême-Orient. Chez les Grecs et les Latins, le coq blanc fut consacré à Zeus-Jupiter le dieu de la lumière.  Il n’était pas rare de voir un coq aux pieds ou dans la main du dieu sur les bas-reliefs ou autres sculptures. Il y eut un rapprochement naturel de la divinité de la lumière et du coq, puisque l’oiseau appelle l’aurore de ses cris impérieux et qui est ainsi une sorte de "prophète de la lumière». Les Grecs firent aussi du coq l’emblème du courage militaire.  En souvenir de leur victoire sur les perses, Athènes créa une fête annuelle, qui comportait principalement des combats de coqs. Les Gaulois eurent la même idée que les Grecs. Le coq apparaît dès l'Antiquité sur des monnaies gauloises. Il devient symbole de la Gaule et des Gaulois à la suite d'un jeu de mots, le terme latin " Gallus " signifiant à la fois coq et gaulois.
Disparu au haut Moyen-âge, on le retrouve en Allemagne dès le XIVème siècle pour évoquer la France. A partir du XVIème siècle, le Roi de France est parfois accompagné de cet oiseau sur les gravures, monnaies, etc.
La Révolution française en a fait un plus large usage. On le trouve notamment représenté sur des assiettes et sur le sceau du Directoire. Proposé comme emblème à Napoléon Ier par une commission de conseillers d'Etat, il fut refusé pour la raison suivante : " le coq n'a point de force, il ne peut être l'image d'un empire tel que la France ".
A partir de 1830, il est à nouveau très apprécié. Par une ordonnance du 30 juillet 1830, le coq gaulois doit figurer sur les boutons d'habit et doit surmonter les drapeaux de la garde nationale.
Naturellement dédaigné par Napoléon III, il devient un symbole quasi officiel sous l’IIIème République : la grille du parc du Palais de l'Elysée construite à la fin du XIXème siècle est ornée d'un coq et la pièce d'or frappée en 1899 également. Si la République française lui préfère aujourd'hui le symbole de la Marianne, il figure toutefois sur le sceau de l'Etat, qui est celui de la Seconde République : la liberté assise tient un Coq sur un canon avec gouvernail sur lequel est représenté le coq. Il est surtout utilisé à l'étranger pour évoquer la France, notamment comme emblème sportif.

B-  Le Coq dans la tradition biblique :
1-Ancien testament :
« Qui a donné au coq l’intelligence? » s’exclame Job . Le juif pieux bénit chaque matin Dieu « qui a donné au coq l’intelligence ». C’est le coq qui distingue en effet la fin de la nuit et l’arrivée du jour. L’auteur du troisième livre de Baruch pensait que c’était le phénix qui réveillait le coq pour qu’il ne manque pas le rendez-vous du lever du soleil. Dans la tradition juive et chrétienne, l’expression « au chant du coq » signifie « très tôt le matin ». Les Proverbes  contiennent ce jugement réaliste sur le coq : « Trois choses ont une belle allure et quatre ont une belle démarche : le lion, le plus brave des animaux qui ne recule devant rien, le coq qui se promène crânement parmi les poules, le bouc qui conduit le troupeau et le roi qui harangue le peuple »
2- Nouveau testament
Le coq est  le symbole du reniement de saint Pierre qui, selon l'Évangile, aurait renié Jésus trois fois avant que le coq chante deux fois. Par la suite, chaque chant du coq rappelle à Saint pierre sa trahison. Le coq, témoin de la trahison de Pierre, serait placé sur les clochers pour rappeler aux hommes leur faiblesse. Comme le Christ, il annonce l'arrivée du jour après la nuit, c'est-à-dire, symboliquement, celle du bien après le mal. Le coq-girouette du clocher, toujours face au vent, symboliserait ainsi le Christ rédempteur qui protège le chrétien du mal et des dangers . On prête aussi au coq de pouvoir de chasser le mal. Il est rapidement devenu un symbole de la résurrection. De même que le coq annonce le jour nouveau, de même, le chrétien attend le jour où le Christ reviendra. Il est le prédicateur qui doit réveiller ceux qui sont endormis.
L’Eglise voyait le coq comme le Messie annonçant le passage des ténèbres à la lumière
Avant l'apparition des cloches, vers le Ve siècle, la présence du coq au sommet des églises, symbolisait l’obligation de la prière matinale « au chant du coq » : les matines.
Toujours est-il que la tradition du coq de clocher est attestée au IXe siècle, puisque le plus ancien coq de clocher connu, qui se trouve à Brescia, en Italie, date de 820, et qu'une bulle pontificale du Xe siècle aurait imposé le coq sur les clochers en souvenir de saint Pierre

Abbe Michel NAFFAH