Genèse 15,5-12.17-18
Ps 26(27)
Philippiens 3,17-4,1
Lc 9,28b-36
"Savoir tenir ferme dans le Seigneur"
Frères et sœurs, la fête de Pâques, fondement de notre foi chrétienne, est la consécration de l'Alliance définitive que Dieu a scellé avec l'humanité, à travers son Fils unique Jésus-Christ notre Seigneur. Cette alliance a connu plusieurs étapes dans l'histoire du salut, dont la première s'est faite avec Abraham notre père dans la foi.
La première lecture, nous fait l'écho de cette première Alliance entre Dieu et l'humanité, représentée par Abraham, alors que ce dernier s'appelait encore Abram. Et à cette époque-là, quand deux chefs de tribus faisaient alliance, ils accomplissaient un cérémonial semblable à celui auquel nous raconte le texte ce jour. Chaque contractant s'engageait à respecter les termes de l'alliance, de peur de subir le même sort que les animaux qui sont écartelés et qui servent de rite sacrificiel. Et pour la première fois de l'histoire, l'un des contractants est Dieu lui-même et ce qui le montre, c'est le fameux sommeil mystérieux qui s'empare d'Abraham. Il est le même, que celui qui s'empara d'Adam pendant que Dieu créait la femme ; manière de nous dire que l'homme ne peut pas assister à l'œuvre de Dieu.
Et quand l'homme se réveille (Adam ou Abraham), c'est une aube et une création nouvelle qui commence. Ça sera la même chose quand Jésus notre Seigneur va se réveiller d'entre les morts, une humanité nouvelle verra le jour. Manière de nous dire que l'homme et Dieu ne sont pas égaux dans l'œuvre de la création, dans l'œuvre d'alliance. C'est Dieu qui a toute l'initiative. Ce qui est demandé à l'homme en contrepartie, c'est de faire seulement confiance. Et justement l'écriture nous dit que : «Abram eu foi dans le Seigneur, et le Seigneur estima qu'il était juste»(Gn 15,6).
Nous avons ainsi pour la première fois dans la Bible, l'apparition du mot foi, point de départ de l'histoire du salut.
Il est judicieux de relever ici que le verbe croire en hébreu vient d'une racine qui signifie "Tenir ferme". Notre mot "Amen" vient de cette même racine. Croire c'est donc tenir ferme, faire confiance jusqu'au bout, même dans les moments de doute, d'angoisse, de désespoir.
Telle sera l'attitude d'Abraham, qui ayant reçu la promesse d'une progéniture, alors qu'il avait 75 ans, va patienter pendant 25 ans, pour voir se réaliser cette promesse. C'est à sa centième année qu'Isaac viendra au monde. Et c'est à ce niveau que nous pouvons apprendre de lui comme croyants, à savoir rester confiants, patients dans la réalisation des promesses de Dieu dans nos vies. Malheureusement nous savons que c'est là que se situe le problème de bons nombres d'entre nous, les chrétiens de "l'ici et maintenant" ; que le découragement guette à la moindre épreuve, ou quand nos prières tardent à être exaucées. Et c'est cette impatience qui nous conduit souvent au vagabondage spirituel, nous retrouvant en train d'aller dans tous les sens, embrassant tout ce qui nous est proposé. D'où parfois le syncrétisme spirituel, qui nous fera plus de mal que de bien, pour voir nos désirs exaucés et nos épreuves supprimées au plus vite. Ainsi, il ya des chrétiens, dans la recherche d'une certaine paix intérieure, en même temps qu'ils prient, en même temps pratiquent des croyances venant du bouddhisme, ou encore vont chez des marabouts, et autres féticheurs. Plus grave, Ils ya des chrétiens aujourd'hui qui croient plus à la réincarnation qu'à la résurrection.
Frères et sœurs, l'évangile de ce jour nous relate l'événement de la transfiguration de Jésus, six jours avant sa passion. Si Jésus amène ses trois disciples privilégiés Pierre, Jacques et Jean sur la montagne, pour être transfiguré devant eux, c'est certainement pour les préparer à rester solides et fermes dans leur foi en lui, afin que, quand ils le verront quelques jours plus tard souffrir sa passion, jusqu'à mourir sur la croix, qu'ils ne soient pas désemparés et qu'ils se souviennent que son vrai visage, est celui de la gloire et non de la souffrance. Et nous sommes tous appelés à cette gloire, qu'aucune épreuve terrestre ne doit nous priver. Jésus veut montrer à ses disciples que sa passion, ne sera qu'un moment de sa vie et qu'après, il connaîtra la gloire par sa résurrection. Cela peut beaucoup nous édifier dans notre vie de foi, au moment où nous traversons les pires situations de notre vie. Avec Jésus, sachons tenir bon, en faisant de lui le rempart de notre vie, comme nous dit le psalmiste ce jour. Et comprenons que nos épreuves ne sont que pour un moment, et que derrière chaque épreuve, il peut y avoir un moment de gloire, si nous restons fermes dans notre foi. Avec Jésus, nous sommes faits pour une vie de gloire, celle qui est éternelle.
Que ce temps de carême soit pour chacun d'entre nous, un temps de fortification de sa foi, à travers tous les exercices spirituels que notre mère l'Eglise nous propose. Car en vérité, le vrai bonheur, celui qui nous vient de Dieu, passe souvent par nos croix, quand nous acceptons de les porter avec courage.
Un très bon dimanche à tous dans le Christ Jésus notre Seigneur.
Padre Armand sac!!!
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