Exode 3,1-8a.10.13-15
Ps 102(103)
1Corinthiens 10,1-6.10-12
Luc 13,1-9
"Urgence à la conversion de vie"
Frères et sœurs, l'épisode du buisson ardent, qui nous est raconté dans la 1ère lecture, marque le moment décisif de la relation de Dieu avec son peuple élu. Dieu se révèle à Moïse, comme Celui qui est Est, et pour lui confier la mission de libération de ses frères en esclavage en Egypte. Et pourquoi Dieu choisit Moïse ? Peut-être parce qu'en ce moment-là, ce dernier est dans les meilleures dispositions pour recevoir sa vocation. Car Moïse a lui-même montré qu'il était sensible à la souffrance de son peuple. En effet, malgré qu'il a grandi dans la cour du Pharaon et qu'il a reçu une éducation égyptienne, il n'a jamais oublié ses origines. Et c'est pour avoir tué un égyptien qui violentait un hébreu, qu'il va fuir de l'Égypte.
Le Dieu qui se révèle donc à Moïse, se présente comme le Tout Autre, celui qu'on ne peut approcher qu'avec crainte et respect. Il dit d'ailleurs à Moïse : «N'approche pas d'ici ! Retire les sandales, car ce lieu que foulent tes pieds est une terre sainte »(Ex 3,5). En même temps, il est aussi le Tout Proche, un Dieu qui n'est pas indifférent à la misère de son peuple. Il dira à Moïse :«J'ai vu, oui, j'ai vu la misère de mon peuple qui est en Egypte, et j'ai entendu ses cris sous les coups des surveillants»(Ex 3,7). Voilà donc où réside son grand mystère que tout croyant devrait prendre en compte dans sa relation avec lui. Alors, qui est Dieu pour moi ? Comment l'ai-je découvert ? Quelle est ma relation avec lui en ce moment ? Quelle est la mission qu'il m'a confiée en m'envoyant sur terre, sachant que celle de Moïse fut d'aller libérer ses frères en Egypte ? Il serait intéressant qu'en ce temps de carême, que chacun essaie de répondre à ces questions, qui vont nous permettre de voir clair dans notre relation avec Dieu et avec nos semblables.
Dans l'évangile, Jésus est abordé par ses contemporains qui l'interrogent sur l'actualité récente, à savoir, le massacre des Galiléens tués par Pilate, et les 18 personnes tuées par la tour de Siloé. La réponse qu'il leur donne corrige la vielle idée qui est dans leurs têtes, à savoir la loi de la rétribution, qui stipulait que, si l'on souffre, si l'on rencontre des malheurs, c'est parce qu'on a péché. Et il faut dire que même de nos jours, cette logique habite encore le cœur de beaucoup d'hommes et de femmes, fussent-ils des croyants et pratiquants. Car, la souffrance, le mal sur toutes ses formes : maladie, guerres, catastrophes, échecs dans nos projets, est souvent perçue comme une punition divine. Or la Bible, depuis l'histoire de Job, qui était juste et craignait Dieu, et qui va se retrouver confronté pourtant à tous les malheurs possibles, a déjà eu à corriger cette idée de la rétribution divine de la vie. Frères et sœurs, la question de l'origine du mal, de la souffrance dans notre monde, reste et demeure un gros mystère, dont la réponse nous sera dévoilée outre tombe.
En revanche, Jésus invite ses contemporains, et nous avec, à ne pas rester indifférents à toutes ces malheurs qui surviennent toujours dans notre monde. Et qu'est-ce que tout cela peut bien nous donner comme leçons de vie ? Voilà la vraie question que nous devrions nous poser. Au lieu de passer le temps à nous lamenter, à avoir peur, l'urgence est celle de la conversion, nous dit Jésus :«Si vous ne vous convertissez pas, vous perirez tous de même»(Lc 13,4). Oui toutes ces situations de malheurs doivent nous faire comprendre que notre vie est fragile et qu'elle peut nous être retirée à tout moment. Si tel est donc le cas, pourquoi vivre dans la haine, la méchanceté, l'orgueil, comme si notre vie dépendait de nous ? Quel que soit ce que nous sommes, ce que nous avons, nous ne devons jamais oublier que nous sommes avant tout, des êtres humains, créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, qui doivent donc se comporter comme lui-même.
Frères et sœurs, malgré nos situations de péché, notre Dieu nous donne encore le temps nécessaire pour revenir à lui et sur le droit chemin. C'est le sens de la parabole du figuier stérile, que le jardinier supplie son maître, de vouloir continuer à mettre de l'engrais pour qu'il puisse porter du fruit. Oui Dieu, à travers ses prophètes, son Eglise, continue donc de mettre le fumier, qu'est sa parole, ses grâces dans nos vies, dans l'espérance de nous voir enfin porter les fruits qu'il attend de nous. Que ce temps de carême ne soit pas pour nous, un temps stérile, mais plutôt un temps de fécondité spirituelle, de changement positif dans nos vies, pour le salut de nos âmes, et de celui de nos frères et sœurs.
Un très bon dimanche à tous dans le Christ Jésus notre Seigneur.
Padre Armand, sac!!!
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