Actes 14, 21b-27
Ps 144(145)
Apocalypse 21,1-5a
Jean 13,31-33a.34-35

Testament d'amour

Bien aimés du Christ, comme nous le savons, dans toutes les cultures, les paroles dites lors d'un adieu d'un parent, ont toujours une valeur de testament et sont toujours revêtus d'un sceau moral contraignant pour ceux qui restent. Même comme aujourd'hui, ce n'est pas toujours le cas dans toutes les familles. Car, les dernières volontés d'un défunt, ne sont pas toujours respectées.
Les paroles de Jésus dans l'évangile de ce jour, ont une valeur testamentaire pour tous ses disciples que nous sommes.

En effet, nous connaissons bien le contexte dans lequel il les a dites. Sa passion se profile, l'évangéliste signale d'ailleurs que Judas est sorti du Cenacle, alors il confie à ses disciples ses dernières volontés : «je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres» (Jn 13, 34-35).
Mais alors, pourquoi Jésus parle de commandement nouveau, quand nous savons que ce commandement existait déjà bel et bien avant lui, dans l'Ancien Testament ? «Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19,18) La nouveauté se situe dans le fait d'aimer COMME Lui. En effet, nous n’aimons pas toujours les autres comme Jésus nous a aimés. Nous les aimons plutôt comme ils nous aiment. Nous essayons de rendre à chacun l’amour qu’il nous donne. Notre amour nous pousse à n’aimer que nos amis, à ne faire du bien qu’à ceux qui nous en font.
Alors, comment nous a-t-il aimés ?
Frères et sœurs, il a lavé les pieds de ses disciples. Et ce geste déconcertant et surprenant aux yeux de ses disciples, à l'instar de Pierre, qui refusa que son maître lui lave les pieds, fut plein d'enseignements. Oui pour prétendre aimer comme le Christ, faut se revêtir d'humilité, il faut savoir se mettre au service des autres. Le chrétien sert, il n'est pas servi. Si tu es disciple du Christ et que tu ne sers pas avec humilité, alors sache que tu es encore loin de l'idéal exigé.
La gratuité dans le service est aussi la marque de fabrique de l'amour christique à imiter, malgré que nous baignons dans un contexte où s'il n'y a pas un intérêt quelconque de notre part, nous ne pouvons pas rendre service, néanmoins nous devons urgemment nous détourner de telles philosophies, car elles sont aux antipodes de ce que nous demande notre Maître, d'aimer gratuitement tout être humain, sans condition aucune. Malheureusement, le manque de reconnaissance, pour un service rendu nous braque parfois, au point où nous cessons d'aider. On entend alors dire : «Avec tout ce que j'ai fait pour lui, même pas un merci ? Plus jamais je ne l'aiderai»
L'amour du Christ est également un amour universel. Ses bras ouverts en croix nous le rappellent, qu'il est mort pour tous. Et tous ceux qui se réclament de lui doivent aimer ainsi sans faire de différences entre les humains. Mais l'expérience au quotidien nous montre que nous sommes encore très loin de cet idéal. Car notre amour, quand il n'est pas sélectif, égoïste, discriminatoire, est intéressé et calculateur. Il n'y a qu'à voir le spectacle que nous offre notre monde, où les riches sont plus riches, les pauvres plus pauvres, exploités par les riches.
Frères et sœurs, aimer comme le Christ signifie aussi rester fidèle à sa foi en lui, quelles que soient les épreuves. C'est saint Paul qui nous le rappelle dans la 1ère lecture : «il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume des cieux»(Ac 14,22). Et ce "il nous faut", ne signifie pas une exigence qui nous viendrait de Dieu, ou une condition qu'il nous pose, car Dieu ne nous impose pas des épreuves ou des souffrances comme préalables, pour bénéficier un quelconque bienfait de lui. Même comme c'est la tasse de lait de certains d'entre nous. Nous posons des conditions pour aider. Pire encore, il nous arrive de jouer avec la vulnérabilité des autres en difficulté, qui, s'ils ne sont pas assez forts et convaincus dans leur foi, ne vont que céder. Il nous arrive même de faire du chantage pour que les autres puissent bénéficier de nos services. Ce n'est pas chrétien et juste d'agir ainsi.
Plus grave, même ce qui relève de notre devoir, et où nous sommes rémunérés, nous posons des conditions. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe dans certains pays, dans les services publics, où les usagers se font escroquer, par des fonctionnaires censés rendre un service pour lequel ils sont payés à la fin de chaque mois.
Prions frères et sœurs, le Sgr, pour qu'il nous aide à comprendre que l'amour, le vrai, est désormais notre carte d'identité, notre nature, et notre idéal ; il est le but de notre existence. Car si nous n'aimons pas, alors nous cessons d'être des chrétiens.
Un très bon dimanche à tous dans le Christ ressuscité.
Padre Armand, sac !!!
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.